Désiré et Gigi on Road

La alta via del sale 85km – 9500m de D+ (et le reste !)

J’écris cet article un peu choquée par ce que nous venons de vivre. Il m’a donc fallu 2 jours pour rassembler mes idées et arriver à me concentrer sur un peu d’écriture.

Nous quittons donc Cuneo, mardi matin, sous le charme. Nous avons un train pour Limone Piemonte à 9h50, donc on est cool, on petit déjeune dans une pasticceria ancestrale et on se dirige vers la gare.

Magnifiques arcades de Cuneo au « petit matin »

Nos vélos prennent goût à la dolce vita

Un petit déjeuner de champions

On embarque !

On arrive à Limone Piemonte à 10h28

Le temps de dégonfler les pneus (pour qu’ils accrochent mieux sur les cailloux), on se met en route à 11h. On est larges ! Nous ne faisons que 29km aujourd’hui !

29km… mais 1800m de D+ ! Et ça, c’est pas rien !

Ça commence raide mais sur l’asphalte… on se fait dépasser par plein de vélos électriques, les dames au téléphone, très à l’aise… certains sur des vélos route… tous nous regardent un peu étonnés avec nos sacoches et nos vélos « musculaires ».

Ça montre mais on se dit déjà que ça va être beau !

Il reste 11,8km avant le début de la route du sel

Nous en sommes au 5è tournant. Le monsieur de Saluzzo nous a dit qu’il y en avaient 54. Si seulement il avait eu raison…

Nous arrivons au relais de la marmotte. Un petit plat de pâtes bienvenu et on veut se remettre en route sauf que la météo en a décidé autrement. Il douche ! Donc on attend…

Et là commence la haute route du sel ! Fini l’asphalte ! Bonjour les pierres ! Les montées ! Les paysages à couper le souffle ! Littéralement…

Le soleil est de retour !

Notre première montée ! On croise un homme en électrique qui nous dit « bruto, bruto l’andare ! » Tu parles ! Et nous ne sommes qu’au début !

Mais, arrivés en haut, quelle merveille !

On vient de tout en bas !! Trop forts !

Mais le sommet est encore plus haut !

2142m !

Ce n’est que le premier col. Les paysages sont superbes ! On croise très peu de gens, certains en 4×4, d’autres à vélo. Nous devons nous rendre au refuge Don Barbera.

Pour comprendre cette histoire de refuge, je dois préciser 2-3 choses… je n’ai jamais passé de nuit en refuge… Christophe oui… quand je lui parle du projet de la Via del Sale, il insiste sur cette nuit en me demandant si je suis bien sûre….

Puis, au mois de juillet, on va faire une promenade dans la montagne près de Noca. Et le type m’emmène déjeuner dans un refuge ! Ce refuge là :

Évidemment que je me dis que je suis cap ! Vous la sentez venir l’embrouille dans ma tête ? Rendez-vous dans quelques heures pour la suite de l’histoire… là, faut pédaler pour y arriver; au refuge !

Nous sommes donc Via del sale, on grimpe, on pédale. Les kilomètres paraissent longs et interminables !



Vous vous souvenez, ça, c’est la photo du site de la Via del Sale. Et, la photo du dessus, et du dessous, c’est nous, sur ce « lacet de la mort »

Holala que c’est beau !

Mon vertige est mis à rude épreuve !

Et puis la tuile ! Un brouillard à couper au couteau.

La route commence à être longue… un peu trop… Le brouillard est vache… mais finalement on arrive au refuge !! Il est 19h30…

Pas le temps de se changer, le dîner est déjà servi dans une salle pleine à craquer. Je commence à sentir le piège…

Jusque là, on aurait juste aimé une douche, avant le repas, mais tout va bien.

Nous dînons entre un couple et un père et son fils, les premiers motards, les seconds marcheurs. Au menu; un risotto aux courgettes et à la menthe et des saucisses avec des pommes de terres et des flagopets.

Vient le moment où on nous explique que, pour la douche, chacun a droit à un jeton qui donne 10 litres d’eau. Mais, quand même, on peut éteindre et rallumer la douche autant de fois qu’on veut jusqu’à ce que nos 10 litres soient épuisés. Mon côté mercantile me fait demander combien coûte un jeton et si je peux en acheter 2 en plus. Mais ça ne fonctionne pas comme ça en refuge…

Puis on nous montre notre chambre. Enfin « notre » chambre… après le mercantilisme, voilà une illustration du communisme. Vive la grande communauté des biens ! Une chambre pour 12 ! Un lit superposé pour Christophe et moi. Je sens que je vais me plaire !

La nuit fut intéressante. Notre lit, à côté de la fenêtre et au fond de la chambre était sans doute le mieux situé. C’est déjà ça !

On ouvre un premier oeil à 7h, puis à 7h30, la chambre est déjà vide. La plupart de nos compagnons de chambrée étant partis très tôt.

Sauf que, ce matin, le ciel est plombé. L’orage tonne et la pluie se déverse sur la montagne. Certains marcheurs décident d’attendre, d’autres se lancent. Nous regardons les nuages d’un œil expert et nous disons que ça va se calmer. On enfourche les vélos ! De vraies grenouilles de météo !

Une heure après, nous sommes trempés ! Frigorifiés ! On trouve un abri de fortune….

On se colle à la montagne pour profiter de quelques centimètres au sec…

Ça devient compliqué… nos pieds sont trempés, nos doigts gelés et l’éclaircie se fait attendre…

Nous sommes suivis par deux autres cyclistes, aussi dépités que nous… on partage notre bout de montagne puis on se remet en route.

Quelques centaines de mètres plus loin, on voit un chalet. On s’arrête et on colonise le pas de porte, vite rejoins par nos deux suiveurs. Au moins on est au sec. Mais nous sommes gelés ! Mes orteils manquent de tomber, tellement ils ont froid… on se change, on met des habits secs… du papier alu autour des pieds (les chaussures sont de vraies éponges…). Nous sommes donc le 15 août.

Et on trouve un vrai abri !

Et là, après 1h, voilà enfin que la pluie se calme ! On n’entend plus les ploc-ploc des gouttes. On entrevoit la montagne d’en face et presque même le soleil. On se remet en route !

Le soleil apparait au-dessus de notre abri de fortune

Évidemment, avec du soleil, ça change tout !

Aujourd’hui, on a 60km de prévu, avec 3 grosses montées. Après notre mésaventure pluvieuse, nous avons une montée et 7km au compteur… il est midi, va falloir un peu avancer !

Une route en lacets de plus, mes mollets n’en peuvent plus… je pousse Gigi dans les montées, essoufflée.

Mais, heureusement, on arrive toujours au sommet ! Et là, que c’est beau !

Enfin !!

Atelier avec vue !

Les descentes sont vachement techniques ! On se retrouve parfois sur des ardoises en escalier. Faut pouvoir compter sur ses freins !

Ça, c’est le dernier sommet ! Y a plus qu’à descendre !

Nous voilà enfin au sommet de la dernière côte ! A 2137m ! Il n’y a plus qu’à emprunter ces fameux lacets mais dans le sens de la descente cette fois ! Attention toutefois à l’excès de confiance ! Le moindre regard jeté à l’horizon peut être dangereux… les pierres se glissent sous nos roues et il vaut mieux être vigilant !

La descente se fait donc prudente mais magnifique ! Jusqu’au fameux refuge du kilomètre 40 !

Encore des lacets !

En deux jours, la seule fontaine trouvée sur le parcours ressemblait plus à un petit pipi qu’à une fontaine de torrent. Mais nos gourdes sont vides et elle fait du bien !

Sans doute le meilleur cake aux pommes de notre vie entière !

La descente s’annonce longue et belle. Elle sera grandiose ! Pas un coup de pédale pendant 20km, les freins chauffent, les mains s’ankilosent à force de trop serrer mais on prend notre pied !

Arrivés au bas de la descente, komoot nous dit qu’on doit remonter 3,6km pour atteindre l’albergo. On s’y résoud… mais avant, on regarde quand même ce que nous dit google…

Et on adore google !! L’hôtel est à 240m un peu plus loin. Aucune montée en vue, juste un superbe petit village plein de rues en escaliers (mais nous, on reste en bas !)

Nous voilà sortis de la montagne ! Hourra ! Quel beau parcours mais « bruto bruto ! » Si vous voulez avoir une idée plus imagée, cliquez ici pour voir la vidéo de nos exploits !

Demain, on se dirige vers la côte, puis on reprend un train vers Turin. Mais ça, c’est demain !

Ce soir, on prend une bonne douche sans compter les litres, on mange à deux, ce qu’on veut (bon… Christophe a pris des escargots… à choisir, je préfère encore les flagopets 😉), on boit une bonne bouteille de Vermentino, et on dort à deux dans un bon lit !

« Felicità
È un cuscino di piume
L’acqua del fiume
Che passa e che va
È la pioggia che scende »

En m’habillant pour aller manger, je découvre que j’ai abandonné mes ballerines au refuge… mes jolies ballerines en or… Le refuge aura une petite touche « princesse » désormais !

Zou, au lit !

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